Primé au concours d'architecture et d'urbanisme Europan 16 : projet mentionné, « runner-up ». Équipe : Tom Barbier, Jean-Benoît Boccaren, Paul Riffault.

Europan est un concours d'architecture européen. Tous les deux ans le concours s'organise autour d'un thème et propose une multitude de sites en Europe. La session Europan 16 avait pour thème « villes vivantes », « vitalités métaboliques & vitalités inclusives », nous avons choisi la ville de Grenoble.

Planches de concours / Competition boards (english)

Refuge urbain

... la géographie comme interface ville-nature

Préserver et sanctuariser (les franges urbaines)

Grenoble est une ville à deux visages. Espace urbanisé qui s'étend dans la vallée le long du Drac et de l'Isère, protégé par un écrin naturel de montagnes, sa géographie constitue une véritable interface ville/nature.

Entre ces deux paysages, les franges urbaines profitent d'une situation exceptionnelle car elles sont le lieu de contact entre l'espace anthropisé et l'espace naturel. Cette situation les installe comme de véritables refuges urbains, en retrait de la ville mais en fait également des espaces fragiles qu'il s'agit de protéger et sanctuariser.

Les franges urbaines constituent ainsi des lieux privilégiés où développer des usages symbiotiques entre nature et ville.

Révéler, traverser, activer

Afin que ces espaces deviennent des lieux vécus, il s'agit de les révéler, les faire exister. On peut les intégrer au maillage de la ville, les traverser, ou en faire des frontières physiques où l'Homme n'est qu'observateur.

En fonction des situations, ils peuvent être activés en y développant des usages. Plutôt que de venir petit à petit urbaniser ces espaces, les franges urbaines deviennent les lieux privilégiés pour les activités, le sport, le loisir ou encore des réserves naturelles où les installations sont plus ponctuelles et discrètes.

Traversées et vécues, ces frontières qui bordent Grenoble permettent de renouer avec le territoire et sa géographie. A la fois sanctuaire et lieu de vie, ces espaces combinent les usages et se présentent comme des refuges urbains.

Le Rabot, frontière entre ville et montagne

Le Rabot, qui s'inscrit dans les franges de la ville, au plus près du centre historique et sur la strate basse de la montagne, peut répondre à ces problématiques.

A la fois visible de tout le centre urbain et isolé, il est fermé aux chemins qui gravissent le massif de la Chartreuse, absent de l'ascension vers la Bastille et est une barrière aux franchissements est-ouest, de la Tronche à Saint-Martin-le-Vinoux. Citadelle infranchissable, le Rabot coupe et se détourne des chemins de la montagne.

Patrimoine, sanctuaire à l'écart de la ville et des sentiers, le Rabot comme refuge urbain doit être traversé pour renouer avec la ville et la géographie, les vallées et la montagne.

Cheminer les frontières

... la citadelle au service de la géographie

Les murailles comme chemins de traverse

La citadelle dont les murailles s'opposent aujourd'hui aux traversées doit devenir centrale, ouverte sur tous les chemins qui filent sur la montagne.

Les murs, qui se déploient jusqu'à la Bastille et sont inscrits dans la pente sont des percées qui relient toutes les states de la montagne et peuvent jouer le rôle de chemins de traverse.

À l'image d'un chemin de ronde, les murailles deviennent les nouvelles liaisons qui relient la vallée à la Bastille. Elles sont aménagées, consolidées, révélées par des greffes qui permettent des franchissements sur ou contre les murailles, ou encore de s'élever et créer des belvédères.

Un sanctuaire sur la montagne

Marcher sur les murailles plutôt qu'impacter le sol.

Pensées comme des promenades architecturales, les greffes sont visibles mais peu impactantes. Elles jouent avec l'existant et permettent d'être au plus près des murs, du patrimoine et de la nature.

En plus d'être parcourues, les murailles sont un écrin protecteur qui participe à faire du Rabot un sanctuaire sur la montagne. Des pentes naturelles, végétales on ne voit de l'Homme que les greffes et de la muraille et des terrasses du Rabot on observe le paysage.

La croisée du Rabot

Avec l'ouverture des portes de la citadelle et la création de chemins de traverse, le Rabot devient central et est à la croisée des chemins. Il devient une nouvelle place de la ville, où il est possible de pratiquer des loisirs, se promener, se rencontrer. Un véritable refuge urbain qui concilie les besoins humains et sanctuarise la montagne.

Résidence du Rabot

Habiter la montagne

... le refuge du Rabot

Un refuge de passage, de halte

Pour faire vivre ce refuge, il faut proposer un programme qui réponde aux besoins de la ville et du site.

Refuge de passage ou de halte, on le traverse et on peut profiter des échoppes qui bordent la Grand Place et admirer les expositions, rencontrer les artistes et artisans dans leurs ateliers, avant de déposer ses affaires à l'Auberge et s'engager sur la montagne, par la promenade architecturale ou les divers sentiers. C'est ainsi un patrimoine mis en valeur que l'on peut apprécier en cheminant de terrasses en terrasses.

On gravit le Rabot comme on escalade la montagne en profitant de nombreux points de vue ouverts sur le paysage.

De la terrasse de l'Office du Barbillon s'ouvrent les jardins et Grenoble, devant le Cloître de l’Esclangon on peut prendre le temps regarder tout autour depuis l’Observatoire du Donjon et enfin sur le dernier palier on arrive sur la Grand Place autour de laquelle se dressent l'Auberge, la Grande Halle et les Echoppes.

Un refuge d'événements, de loisirs

Refuge d’événements, le Rabot devient le cadre dans lequel chacun peut organiser des événements culturels. On peut ponctuellement y pratiquer une activité, visiter les espaces du musée, danser, voir un concert ou assister à une projection dans la Grande ou la Petite Halle.

C'est un lieu ouvert où on se rend pour se retrouver et simplement profiter des espaces à disposition pour s'échapper de la ville, boire un verre ou manger à l'Auberge.

Les portes closes la citadelle peut, le temps d'un soir ou de quelques jours être le cadre de festivals.

Un refuge de résidence, de retraite

Enfin, en tant que refuge de résidence ou de retraite on peut y rester pour un temps plus long et participer à divers ateliers de sensibilisation, découverte... Géré par des associations ou par la ville au même titre que les évènements du Rabot, les résidents participent à la vie, la gestion et la vie du lieu. Ainsi, les populations en résidence croise les passants, préparent ou participent aux activités publiques, présentent leurs travaux de recherche, qu’ils soient artistiques, scientifiques, sociaux.. L’ensemble des temporalités du Refuge du Rabot permettent au lieu de se façonner, vivre et se transformer au rythme des saisons.